A/EUGÉNIE IMPÉRATRICE. Tête de l’impératrice Eugénie, tournée vers la gauche. Le portrait est réalisé par Antoine Bovy d’après le médaillon orné de la tête d’Eugénie de Montijo, tournée à droite, réalisé par Jules Peyre pour la Manufacture de Sèvres en 1853.
R/1867. Scène allégorique, signée Alphée Dubois et datée de 1867, qui montre l’Empire protégeant les enfants employés dans les manufactures. Au centre, est assise une figure féminine personnifiant l’Empire, couronnée et vêtue d’un manteau semé d’abeilles. Elle se tourne avec bienveillance sur la gauche, et étend son bras au-dessus de la tête de trois garçons d’âges différents, portant blouse et pantalon. Le premier tient à la main un compas, le second porte un vase orné et le troisième s’appuie sur une masse. Derrière ce dernier est représentée une enclume. L’Empire pose son autre bras sur les épaules de deux filles portant un tablier. L’une tient un fuseau et l’autre une navette de tissage. Derrières elles sont représentées un rouet ainsi qu’un haut fourneau.
Argent - 46 mm - 49.45g - Poinçon abeille + ARGENT - Avec écrin d'origine
La Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les manufactures est fondée à Paris le 17 mars 1867. Au moment de sa création, elle est présidée par Jean-Baptiste Dumas, président du conseil général de la-Seine et président de la Société d’encouragement de l’industrie nationale, et compte parmi ses vice-présidents Charles Robert, conseiller d’état, secrétaire général du ministère de l’Instruction publique. Peut-être sollicité par ce dernier, qu’il connaît, Jean-Baptiste André Godin fait partie des membres de la Société en préfiguration, dont la première liste est arrêtée au 31 janvier 1867. La Société se donne pour objectif « d’améliorer la condition des apprentis et des enfants employés dans les manufactures, par tous les moyens qui, respectant la liberté de l’industriel et l’autorité du père de famille, agiront en conformité de la pensée des lois sur l’apprentissage et sur le travail des enfants dans les manufactures » (Bulletin…, 1867, n° 1, p. 33). Elle milite notamment pour l’application et le renforcement de la loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants, qui, dans les manufactures employant plus de 20 personnes, limite à 8 heures la durée légale journalière de travail effectif des enfants de 8 à 12 ans, et à 12 heures celui des enfants de 12 à 16 ans.
La Société veut profiter de l’audience exceptionnelle offerte par l’Exposition universelle organisée à Paris en 1867. Aussitôt fondée, elle sollicite le patronage de l’impératrice Eugénie, et obtient du commissaire général de l’exposition Frédéric Le Play.la tenue d’une cérémonie solennelle dans le grand hall du Palais de l’industrie où, le 1er juillet 1867, Napoléon III doit présider la cérémonie de remise des récompenses aux exposants. La Société allait elle aussi décerner ses récompenses « 1. Aux institutions qui ont pour but d’assurer à un grand nombre d’enfants de bonnes et saines conditions de travail ; 2. Aux patronages ; 3. Aux manufacturiers, contremaîtres ou artisans ayant fait preuve de zèle pour l’amélioration du sort des enfants qui leur sont confiés » (Bulletin…, 1867, n° 2, p. 184). Les récompenses consistaient en dix grands portraits gravés de l’impératrice et dix portraits du prince impérial signés de leur main, vingt bannières brodées aux chiffre de l’impératrice, quarante médailles d’or, d’argent et de bronze, et des mentions honorables. Il fut décidé par la suite « qu’il ne serait pas donné de médaille d’or ; que la Société décernait seulement sa médaille, laquelle serait en argent, et que des médailles commémoratives d’or, d’argent et de bronze seraient adressées aux diverses personnes qui seraient venues en aide à la Société » (Bulletin…, 1867, n° 2, p. 272) « S. M. l’Impératrice ayant fait connaître l’heure à laquelle il convenait de fixer la cérémonie, 23 000 billets ont été envoyés, et le 27 octobre, à deux heures et demie, les portes de la salle du Palais de l’industrie, dont la disposition était la même que pour la distribution des récompenses de l’Exposition universelle, se refermaient sur plus de 22 500 invités. L’orphéon et la musique de la garde de Paris étaient placés au milieu du transept, vis-à-vis du trône. À droite et à gauche étaient groupés sur les estrades plus de 10 000 enfants de l’industrie. D’un côté étaient les garçons, de l’autre les filles, les uns conduits par les patrons, les autres réunis sous la direction des chefs de patronage. » (Bulletin…, 1867, n° 2, p. 272). La scène gravée au revers de la médaille reproduit une disposition comparable.